Après des années à l’étranger, rentrer en France, revenir chez soi devrait être simple… mais ce n’est souvent pas le cas. Au retour d’expatriation, le contre-choc culturel peut tout compliquer. Découvre comment le surmonter.
Tu pensais que rentrer en France serait facile, après des années à l’étranger ? Détrompe-toi! Ce qui apparait comme une croisière se transforme souvent en galère. Laisse moi te raconter…
🇫🇷 Paris, été 2010. 12 ex-expatriés se retrouvent autour d’une table. Ils arrivent des 4 coins du monde 🌍. Leur point commun: ils se sentent perdus, déboussolés, décalés. Apres des années à l’étranger, ils ont du mal à se réintégrer dans leur propre pays. Et ce jour la, ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls. Que c’est normal. C’est meme prévisible et que cela a un nom : le “contre-choc culturel”.
🙋♀️ J’étais la moi aussi, autour de cette table et cela fait déjà 10 mois que je suis rentrée, mais je n’ai pas encore trouvé mes marques. Je ne m’y attendais pas. Je doute, je cherche à comprendre ce qui se passe. J’essaie de clarifier ce que va être ce nouveau chapitre pour moi, mais plus je m’interroge, plus c’est confus. Je pensais que mon expérience à l’étranger serait un tremplin pour lancer un nouveau chapitre, mais c’est difficile de tourner la page. Mes pensées retournent malgré moi sur ma période au Japon, et la nostalgie m’envahit. Je n’ose pas en parler aux personnes autour de moi, car j’ai peur qu’on me juge et ne me comprenne pas. Je garde tout pour moi.

⏩ « Fast forward », quelques années plus tard, je peux dire que c’est grâce à ce moment difficile de ma vie qui m’a donné envie d’aider d’autres expats à le traverser. C’est ce qui m’amène à t’en parler aujourd’hui.
Pourquoi le retour dans son pays d’origine est difficile ?
On rentre dans son propre pays, que l’on connait, dans lequel on a vécu longtemps, on a de la famille, des amis, des attaches, des racines… Cela devrait être facile, sans surprise ? Justement ! C’est parce que l’on pense que « cela ne devrait pas poser problème », que cela en pose un, d’autant plus grand qu’on ne s’y attend pas, qu’on ne l’avait pas anticipé. On se retrouve en réelle difficulté. On a en général réfléchi rapidement, avant de partir, on a planifié, fait des projets, mais le décalage s’avère souvent très grand entre les attentes et la réalité, dans un pays qui a bien changé.
Quelles sont les causes de ce décalage ?
1. Tu as changé
Lors de ta période de vie à l’étranger, tu t’es enrichi de multiples expériences et compétences, de connaissances et d’amitiés. Tu t’es ouvert et tu as découvert des choses différentes, une grande diversité de réalités et de façons de voir ou de faire les choses. Cela t’a changé : tu es peut-être plus exigeant sur certaines choses, moins pour d’autres.
2. Ton pays a changé
Ce que tu retrouves n’est pas exactement ce que tu a quitté. Pendant ton absence, l’environnement social, politique et économique a évolué. Tu rentres dans un pays où les sujets de conversation ont changé, où de nouvelles lois ont été votées, où des quartiers autrefois familiers ont été transformés. (Nota bene: parfois c’est l’inverse, on aimerait que les choses aient changé mais on se retrouve avec une impression de « deja vu » assez frustrante!)
3. Ta situation personnelle et professionnelle a changé
Tu es peut-être partie seule et tu rentres en famille ? Ou l’inverse ? Le changement de ta situation de famille entre le départ et le retour peut avoir un impact important sur la façon dont tu vis ta transition. Tu as peut être quitté une belle carrière en France, avec l’intention de profiter de l’expatriation pour faire une pause professionnelle ou pour faire quelque chose de complètement différent. Au retour, la situation peut être plus compliquée avec un CV atypique à valoriser, voir un « trou dans le CV » à justifier !
4. Ton entourage a changé
Famille, amis, collègues ont évolué en ton absence. Ils n’ont pas vécu ton aventure et ne comprennent pas toujours le décalage. Pour reprendre le fil de vos relations, qui s’est sans doute distendu lors de votre période à l’étranger, il va être important pour toi de rester empathique et de ne pas juger. Tu trouveras sans doute tes anciennes relations pas très « ouvertes », ils n’ont pas été dépaysés comme toi, exposés à d’autres idées, cultures, ils n’ont peut-être aucune idée de ce que tu as vécu. Les risques sont grands qu’eux-mêmes te jugent, te trouvent arrogante. Anticipe cela et prépare-toi à ces conversations, en trouvant des anecdotes ou des histoires à raconter, pour renforcer la compréhension, la confiance et la relation entre vous.
Alors, comment réussir ce retour ? Quelques conseils
🧘♂️ Prend soin de toi et gére ton stress : Comme dans l’avion : met ton propre masque à oxygène avant d’aider les autres ! C’est vrai pour le décollage… C’est aussi vrai pour l’atterrissage ! Au retour d’expatriation.
🚴♀️ Lève le nez du guidon, ralentis : Si c’est toi qui es « la cheville ouvrière » du déménagement, la cheffe d’orchestre de la logistique et de l’installation, c’est bien normal d’avoir le nez dans le guidon. Ces questions sont souvent celles qui occupent toute la scène. Cela peut s’avérer très stressant, surtout s’il s’agit du déménagement d’une famille, incluant en plus des membres à 4 pattes… Tout cela peut induire une « charge mentale » qui prend tout l’espace et toute notre énergie … N’oublie pas que tu as aussi besoin de souffler. Fais des pauses, respire, et n’hésite pas à déléguer certaines responsabilités.
🚫 Évite la fuite en avant. Une fois les cartons déballés, résiste à l’envie de te lancer immédiatement dans de nouveaux projets (rénovation, activités en tout genre). Ces distractions risquent de t’éloigner de la vraie question : « Et moi, dans tout ça ? », de détourner ton attention, de cannibaliser ton temps. C’est une question de priorisation.
Ainsi j’ai pu constater que de nombreuses ami-e-s rentré-e-s en France, une fois « le gros » de l’installation réglée, les enfants à l’école, se lancent dans des projets (parfois sans fin) de rénovation, des travaux de grande ampleur, qui semblent être pour eux une façon de repousser le plus longtemps possible le moment de la question « et moi dans tout ça, qu’est-ce que je vais faire ? Quel est mon projet ? Que vais-je écrire pour ce nouveau chapitre de ma vie ? » L’angoisse de la page blanche ….
🌏 Garde le contact : Renoue avec le pays que tu as quitté – sa culture, sa cuisine, ses habitants. Reste en contact avec tes amis de là-bas. Replonge-toi régulièrement dans ce pays pour ne pas complètement couper les ponts – si cela te fais du bien ! (Mais attention, si tu te rends compte que cela aggrave ta tristesse – abstiens-toi !).
⏸️ Prend le temps de réfléchir. La tentation de remplir ton emploi du temps est forte, mais prend du recul. Réfléchis à tes envies, à tes besoins et aux projets qui te tiennent réellement à cœur.
Programme du temps dédié à ton nouveau chapitre dans ton agenda pour réfléchir ou en discuter : Quid de ton retour à toi, de ton projet professionnel ? Reconnecte-toi à ton réseau, et élargis-le. Déjeune avec d’anciens collègues, sors et participe à des évènements, développe ta visibilité pro en lien avec ton projet.
📆 Donne-toi du temps pour t’adapter. Ce retour est un nouveau chapitre, et comme tout nouveau chapitre, il demande du temps pour trouver son rythme. Accorde-toi le droit de tâtonner, de ne pas tout réussir tout de suite. Parfois, les petites victoires sont les plus importantes : retrouver un café qui te plaît, renouer avec un ancien ami, ou simplement apprendre à apprécier à nouveau des petites choses de ton quotidien. Ne te compare pas à ton “ancien toi” ou aux autres. Chaque retour est unique.
✍️ Ton expatriation a changé la donne. Comprendre ce qui a changé est nécessaire pour repartir. Tu as adopté de nouveaux comportements, de nouvelles habitudes. Il s’agit donc de prendre du recul, de réfléchir, pour faire le bilan de ce que l’expatriation t’a apporté, de comment elle t’a changé. C’est un exercice salutaire et indispensable pour mieux comprendre et gérer ensuite les difficultés au retour. Faute d’avoir fait ce bilan, on a du mal à comprendre et faire face à ce qui nous arrive. Mais… Le faire seul c’est difficile. En tant que coach et ayant eu moi-même cette expérience, je peux t’aider!
Bénédicte / Great Floating Tribe